vendredi 28 mars 2014

L'aventure, c'est l'aventure

Kikoolol les zaminches!

 Que ce kikoolol primesautier et plein de fraîcheur ne vous méprenne pas, l'heure n'est décidément pas à la déconne, en ces temps de guerre-pas-encore-froide et ou les bourgeons sont en avance alors que ma femme à du retard. C'est dire si nous ne savons ou donner de la tête, entre sortir le barbecue séance tenante ou attendre les Saints de glace.

 Hier soir, après avoir subi une œuvre cinématographique de premier plan -vous savez, un de ces flim adulé par la critique, maintes fois salué par la profession ou les intellectuels -voire les deux-, alors que finalement, il ne cassait pas trois pattes à un canard-, après avoir subi un flim, donc, disais-je avant de m'interrompre de façon assez impolie, ma femme et moi nous demandions si tout cela en valait vraiment la peine.
 De quoi me diriez vous? Excellente question! Cela signifie que au bout de ces quelques lignes vous avez encore l'esprit éveillé, et cela est tout à votre honneur.

 Nous nous demandions donc si cela en valait la peine, de lancer le lave-vaisselle avant d'aller dormir, afin de profiter pleinement des heures creuses, moins chères, grâce à notre compteur bi-horaire.
Après avoir disserté sur notre sort, nous en vînmes au susdit film, car la brillance éclatante de ce chef d’œuvre ne nous avait pas atteint de plein fouet au clap final.

 Le scénariste de l’œuvre ne s'étant pas trop foulé les neurones, nous avions droit à un huit-clos sur un océan, le tout avec des dialogues dignes d'un enfant de quatre ans. Je pense que la seule phrase audible du flim fut un "oh, shit". Audiard doit se retourner dans sa tombe si la taille de sa boîte le lui permet. L'histoire contait l'épopée vaguement romanesque d'un naufragé, affrontant requins et tempêtes, le tout armé d'un sextant (qui, je vous le rappelle, n'est pas un sextoy, mais bien un instrument préhistorique permettant de calculer une position en mer, ou ailleurs, mais alors nous utiliserons plutôt un GPS, parce que, bordel de merde, nous sommes au XXIème siècle). Le film se passa plutôt bien, jusqu'au final Hollywoodien, nous rappelant qu'on ne fait que trop rarement mourir les acteurs de renom. Bref, un bon petit film, ou les sourds malentendants n'auront raté que le clapotis de l'eau ou les grondements de tonnerre.

 Mais cette aventure nous rappela également, que les grands explorateurs ont disparu avec le XXème siècle. Les océans ont tous été parcouru de long en large, les plus hautes montagnes ont été gravies par tous leur cotés, et nous avons déjà foulé la surface de la Lune. Que nous reste t-il, à nous, homme du XXIème? La conquête de mars ou d'autre planètes? Il semble peu probable que nous découvrions de nouveaux monts ou de nouvelles mers par chez nous.



Jean-Louis Barton soyez béni!
 Puis, de fil en aiguille, au fur et à mesure que le niveau de cet excellent Saint Julien que je ne saurais que recommander baissait -un sublime Léoville-Barton 1995-, nous arrivâmes à la conclusion que l'aventure de chacun se devait d'être personnelle. A chacun son Everest en somme. C'est sûr qu'à l'heure de Koh-Lanta, nous sommes un peu restés sur notre faim question aventuriers. Entre le péquenot d'opérette servi chaud à vingt et une heure sur TF1 et un Amundsen, la différence fait office de gouffre.

 Maintenant, la question est "devons nous nécessairement mettre la barre plus haut que nos prédécesseurs?". Ce n'est pas par ce que un Bonatti a exécuté de façon magistrale les plus grandes voies en montagne, que cela diminue l'exploit de nos contemporains, non? C'est dans cette optique qu'un couple d'ami, qui, désirant rester anonyme, à également créé un blog afin de conter leurs mirobolantes péripéties autour du monde. Bon, ils s'y prennent un peu à l'avance, ils comptent faire un tour du monde en bateau dans deux ans. Mais diable, quelle formidable idée! Un blog! J'ai l'impression de faire des émules parmi mes connaissances. Sachez, lecteur chéri, que je me porte garant afin de vous tenir informés de leur évolution le temps venu.On va faire tourner les blogs, comme en '90!

 Et ce n'est pas Roald Admunsen qui aurait pensé à en faire un lors de son expédition Arctique! D'ailleurs, où est le skyblog de Christophe Colomb? Celui de Neil Amstrong? Hein? Je vous le demande! Est-ce que l'absence de blog concernant leurs aventures n'est tout simplement pas un indice de leur non-aventure? Qui nous prouve que l'homme a bien mis le pied sur la lune? Dois-je rappeler que ce n'est pas Colomb le premier Européen à avoir foulé le sol des Amériques? En général j'abhorre les théories du complot, mais il semble que ces dernières partent sur de solides bases. Ne dit-on pas "Il n'y a pas de fumée sans feu"  dans certaines contrées reculées des villes? Les nobles paysans ont souvent raison, gardons cela à l'esprit!
 L'homme de la terre, vivant au rythme des saisons, les mains calleuses et le teint buriné, l'haleine fétide de la vinasse à deux sous regardant au loin à l'horizon le coucher de soleil, se réconfortant du fait que c'est bien ce dernier qui tourne autour de notre plate terre, à su rester pragmatique.
 Le pragmatisme! Cette qualité qui fait cruellement défaut actuellement dans notre civilisation débridée. Pensez donc à notre film de départ: si cet hurluberlu, au lieu de dormir seul sur son rafiot, était resté sur la terre ferme, eh bien il n'aurait pas eu d'ennuis. Et voilà. C'est pragmatique. Bon, ça n'aurait pas fait de film, mais ça aurait au moins souligné l'inutilité et la futilité de la chose.

 Pourtant, l'Aventure -notez la majuscule-, nous la vivons tous les jours. Pas plus tard qu'hier par exemple.  Ma chère et tendre épousée me fît remarquer -avec la grâce et l'élégance qui sont l'apanage des vraies femmes modernes-, que le produit nettoyant pour sol vient à manquer. Ni ne, ni deux, en gentlemen -ou en homme soumis, la question reste ouverte-, je me proposai de faire les courses.
 La grande idée du jour, et, à noter pour plus tard, fût de prendre le petit avec.

 Faire les courses avec un enfant en bas âge. CA, c'est de l'aventure!

 A peine arrivés, le choix du caddie fait, le petit semble assez dispersé. Il veut à la fois être dedans, et le pousser. Drôle d'idée.
 Il est un âge ou l'indécision provoque un certain scepticisme chez l'aîné.
 Ayant lu tout Dolto au cinéma, je me décidai à faire de ces courses en supermarché un jeu, afin de le distraire, de m'aider un peu, et, surtout, de le calmer, la fessée ayant moins la côte sur notre continent en déclin.

 Le jeu fût assez basique, étant donné qu'un enfant de trois ans ne possède pas encore la masse cérébrale nécessaire au calme et à la discipline. Il devait simplement me donner les indications sur le meilleur chemin à suivre parmi les rayons afin d'atteindre un objectif imaginaire quelconque.
 Las, au bout de cinq minute mon copilote préféra faire tomber les boites de biscuit des étagères à grand fracas. Nous avions déjà parlé du bruit et des enfants. Ils adorent le bruit. L'écouter ou en faire, peu importe.
Une fois mis dans le caddie, contre  son gré, certes, je fus plus à même de m'occuper de la liste de course maternelle. Qui d'un steak, qui d'un bon bordeaux, qui d'un bac de Westmalle... Le tout avec ma douce progéniture vociférant à tout le magasin son mécontentement quant à sa situation. Après avoir essuyé les regards désapprobateurs de mes congénères féminines, je décidai une retraite stratégique vers la caisse.
 Et là, un miracle. Le petit, les yeux légèrement rougis par ses pleurs, regarda la caissière avec un air de cocker battu. Calme. Presque angélique si nous ne l'avions vu cinq minutes plut tôt. La caissière me regarda, d'un œil accusateur, et donna un chocolat au petit. J'ai vérifié, elle ne l'a pas compté sur la note.

 Sa victoire fût totale.

 Une fois les sacs faits, rangés dans le coffre de mon automobile, le petit, silencieux, car il ne parle pas la bouche pleine -oui, il est tumultueux, mais bien élevé-, je rentrai dans mes pénates.

 Là, le climax de cette après midi m'attendait. Dans la cuisine pour être exact. En déballant les courses, avec un mal de tête naissant, certainement dû au stress de l'Aventure, madame me fît remarquer que j'avais oublié le produit nettoyant, le mac Guffin du voyage. Avec un air penaud, si pas hagard, je lui expliquai notre sortie, et avec un regard que seules les femmes de notre monde peuvent faire, elle acquiesça.

 Alors, bon sang, entre découvrir l’Amérique sans gosse et sans femme, et se taper un super marché avec un enfant en bas âge un samedi après midi, je dis: ne jouons pas la facilité que diable. Je suis largement au dessus niveau difficultés.


 C'est fou ce que le Saint Julien peut nous aider à résoudre les questions métaphysiques. Je me demande encore bien pourquoi ce n'est pas remboursé par la sécurité sociale.

 Enfin, l'heure est venue de rehausser le niveau de ce blog, et de parler de choses autrement plus importantes que le vieillissement prématuré de Robert Redford ou des aventuriers de supermarchés. Ce vingt cinq mars est la journée mondiale de la procrastination.

 Sans blagues.

 Je crois que je finirai ce message demain tiens.

 Puis j'irai couper mes caillets.




mardi 18 mars 2014

Pendant ce temps là, les marmottes dorment.

Kikoolol les zaminches!


Notez ce point d’exclamation printanier, cette emphase qui nous emmènerait en voyage jusqu’au bout de la nuit si Louis-Ferdinand nous le permettait, malgré son nom de famille si ambigu.

Il faut dire qu’avec ces vacances carnavalesques, ou, devrait-on dire, d’hiver puisque nos édiles ont décidé de déchristianiser le nom des vacances scolaires, je suis quelque peu plus reposé. Reposé, donc, mais également occupations.

En effet, notre progéniture ayant chaussé pour la première fois des skis, il faut dire que la quantité de photos et de vidéos faite fut directement proportionnelle à la joie parentale sur cette étape de la vie. Fini les vacances à devoir rester avec lui à la maison. Vu sa joie à l’idée de glisser rapidement afin de se casser un fémur ou de s’éclater la rate, nous ne doutons de l’immensité de la tâche qui nous attend.

Fini également les après midi crêpes-chocolat chaud avec la maman sur le front de neige. Bonjour les journées avec papa à skier les pistes bleues et rouges ; et surtout les noires-qu’il-ne-faudra-pas-le-dire-à-maman, sous peine de devoir traînasser avec elle sur les vertes.

Je reviens donc la tête pleine d’images merveilleuses et de rêves tous plus fous les uns que les autres, malgré le fait que les vacances au ski soient si années 80’.

Il faut avouer. Je pensais ne plus jamais revoir de couleurs jaune-fluo sur des adultes, je pensais les trainings en toile de parachute rangés dans les cartons, et en fait visiblement, non. La mode, en montagne, à du s’arrêter en 1983. J’ai même croisé des monoskis. C’est dire.

Sans parler du fait que, sans exceptions, sur les téléskis, nous entendons systématiquement la célèbre chanson des Bronzés : « Quand te reverrais-je… ».

Aah, les Bronzés font du ski. Bien que ce soit un excellent film, la répétition à outrance de cette ritournelle éculée sur les téléskis par des petits rigolos fait parfois encore sourire, le premier jour.

Le deuxième, elle commence déjà doucement à nous taper sur le système.

Le troisième, elle nous reste en tête et commence sévèrement à entamer notre capital patience.

Le quatrième jour vous autorise presque a transpercer le petit rigolo reprenant pour la centième fois de la journée «Quand te reverrais-je » avec vos bâtons de skis, mais alors vous aurez d’autres petit rigolos qui vous crieront haut et fort, voire même en chœurs : « la planté de bâton, monsieur Dusse, le planté de bâton… ».

Et oui, partir au ski est synonyme de revivre indéfiniment le film les Bronzés font du ski. C’est pour cela qu’il ne faut partir au ski qu’une semaine maximum, sous peine de devenir complètement dépressif. C’est un savant mélange entre Un jour sans fin et les Bronzés. C’est indigeste.


Même mon gosse de 3 ans connaît la chanson, mais n’a pas encore vu le flim… tristesse.

Rendons à César ce qui lui appartient, l’équipe du Splendid n’avait pas trop mal tapé sur le séjour au ski. La nourriture montagnarde tient au corps et leurs alcools locaux n’ont rien à envier à la liqueur d’échalotes (mais, relevée au jus d’ail, par ce que l’échalote tout seul, ça serait un petit peu fade). Ce fut donc un dépaysement sans véritable dépaysement. Si l’année prochaine je ne sais pas aller au ski, je me contenterais des bronzés. J’aurais déjà l’ambiance. Sans les petits rigolos.


La Pastiflette

Et maintenant, retour dans nos pénates, dans le morne quotidien.

Derrière nous les pulsions meurtrières sur les petits rigolos, oubliés, les plats dont la quantité de calories ferait pâlir Jean-Louis Weightwatcher (Nous n’avions pas de Foune sous la main, alors, nous avons inventé une nouvelle recette : la PASTIFLETTE (ou CATStiflette, pour les puristes).  Point de Pastis, mais des pâtes, de la Mornay, du gras, du lard, du fromage, le tout au gratin avec du Saindoux pour la couleur et du Reblochon pour la forme. Ouit mille calories par bouchée) et finis, les paris stupides (vous savez, le fameux : « un bac de Westmalle que tu ne descends pas la piste noire verglacée en switch », qui coûte en général un mois d’hospitalisation, l’admiration des copains éberlués par autant d’imbécillité cinétique et potentielle, le tout, sous l’œil désapprobateur des locaux, qui finalement vous trouvent aussi pathétique que Jean-Claude Dusse). Car, il faut avouer que la maturité du pécore moyen sur les pistes est inversement proportionnelle à l’altitude ou son cubi de GRQT(*) est entamé. Heureusement que je ne mange pas de ce pain là. Je me suis bien cassé deux côtes, mais c’était sur du plat, une portion particulièrement retors, verglacée et ombragée, sur une bleue «ENOOORME», et à jeun, ce qui au vu de la population habituelle des pistes parait assez rare quatorze heure passées.

Ce petit détail à son importance. Même si la gendarmerie ne fait pas encore de contrôles, il faut avouer que cela devient urgent dans certaines stations : j’en ai aperçu en train de refroidir leur bacs de bières dans la neige des bords de piste. Cela devient vraiment dangereux ! Imaginez de la bière trop fraîche!? Un scandale!

Dur retour à la réalité, donc. Mal aux côtes, mais heureusement celles du Rhône nous attendaient bras ouverts pour un barbecue une fois de retour à la maison familiale. Diantre, un temps printanier, un temps à barbecue au retour de la neige. Un moindre mal, à l’heure de l’ouverture de la pêche à la truite et à un mois de la fermeture des pistes. Cela me fait une petite pause dans la coupe de mes caillets et me permet de préparer le pire : je retourne en vacances en juin, dans un pays pauvre. Vous savez, un de ces pays ou la nourriture est aussi infâme que celle de Tricatel, ou les autochtones n’ont pas la classe de parler la langue de Voltaire (ou est-ce seulement de la fainéantise ?) et ou le vin pourrait à peine contenter un cuisinier pour son coq à la sauce homonyme. Un pays ou la malhonnêteté intellectuelle est un sport national: ils n’ont même pas de Westmalle au rayon bières. C’est dire.

Y vais-je par masochisme ? Non, j’y retourne pour pêcher le requin, n’en déplaise à mes fervents lecteurs écolos, puis pour peaufiner mon traité sur les indigènes n’ayant pas le bonheur d’habiter nos contrées. Le tout, loin des retransmissions télévisées du grand Barnum footballistique quadriennal. Des vacances en dehors de la cohorte populeuse, se baladant sur la plage, la peau rougie par le soleil le tout vêtu d’un Marcel ou d’une robe aussi Kitsch qu’indécente, l’haleine chargée de vin bon marché ou de pastis frelaté avant la retransmission d’intervilles. On peut dire que je commence à apprécier le fait de partir hors saison. En haute saison, comme on dit commercialement pour mieux vous vendre des séjours hors de prix, je préfère largement les endroits moins fréquentés. Qui se méritent. Mais je n’en ferai pas la publicité, de peur de ne plus me retrouver avec les habitués.

J’arrête ici, je vais encore passer pour quelqu’un qui part tout le temps en vacances et qui aime bien avoir la paix. Pourtant quoi de plus normal ? Je sais que parmi vous se cachent des gens qui aiment se retrouver en troupeau le long des autoroutes, faire la file aux péages, cuire sur la plage entouré de semblables n’ayant pour autre aspiration que de rentrer cuit à point pour se vanter auprès des collègues : «je suis été à la mer, que c’était bien, on a vu de l’eau, et le petit à bu la tasse», ou encore des «la montagne, c’est bien, mais c’est dur pour les promenades, surtout quand ça monte», le tout arrosé d’un rire gras, d’une tape dans le dos et d’une invitation à aller voir les diapositives des pérégrinations familiales de la période estivale (notez la rime riche, comme la sauce du même nom).
Allez, pt'êt bien une raison pour des soirées Diapos.

L’ennui assuré.


Se coltiner les séances diapo avec la marmaille qui gueule, renverse l’apéro sur votre Versace neuf que vous avez eu tant de mal à faire venir directement de Milan, le tout pour voir de pitoyables photographies de votre comparse à la plage, tout bedon dehors, la photo complètement surexposée et n’ayant pour principal intérêt que la présence de femmes en bikini en arrière plan.

 Décidément, j’appréhende avec véhémence cette période estivale dans d’étrangères contrées.



Allez, la troisième n’est plus loin, je vais encore profiter un peu de ma famille avant le feu d’artifice final prévu en Crimée.





(*)Gros Rouge Qui Tache