Kikoolol les zaminches !
Dur
constat en ce mois devant célébrer le retour d’un temps digne des plus grands
barbecues, sonnant le glas des saint de glace, et devant clôturer une morne
année académique.
Cornegidouille.
Il
m’a fallu à trois fois avant de redémarrer ma tondeuse. Attention, ce n’est pas
la première fois que je la démarre cette année. Non, y a à peine un mois, ça
partait sous seul. Normal, en avril, profitant d’une journée ensoleillée, je
fis l’entretien complet la machine à méditation.
Oui,
cher lecteur, je médite quand je tonds. Je médite également lorsque je fais la
vaisselle ainsi lors de mes yoggings tri hebdomadaires. Je médite souvent. Pas de mauvais coups, comme pourraient le
penser les mauvaises langues, bien que je ne vois pas comment une langue, aussi
bonne soit-elle, puisse penser, à l’instar des hominidés de sexe faible. Non.
Je médite quand je m’emmerde. Comme à la pêche.
Enfin soit. Elle ne démarra pas du premier
coup. Ni du deuxième d’ailleurs. Après avoir vérifié la bête, et admis que
aucunement mon entretien ne fût en cause, je me rendis compte de la mollesse de
mon auguste geste afin d’enclencher le démarreur. Vous savez, ce geste large,
tel celui du semeur moyenâgeux, pour tirer cette stupide cordelette afin de
lancer l’injection du carburant, générer de la fée électricité pour la bougie,
tout en entraînant déjà cette foutue lame
coupant le gazon.
En
me redressant, je senti une douleur là. Et aussi là. Pourtant, je ne fais point
de folies de mon corps ces derniers temps. J’ai bien eu un week-end festif il y
a un mois, mais bon, cela n’explique sûrement pas la chose.
Je
m’essouffle parfois en montant les marches d’escalier. J’ai même parfois du mal
à conduire après la ouitième
Westmalle. Je me sens un peu patraque et fais parfois des insomnies. Il m’arrive même de m’essouffler dans mes maîtresses, à l’instar de notre Pierrot
tant regretté. Je pense avoir un bon vieux fibrome métastasé, mais quand je
vais voir l’oncologue, il me conseille un psy. Et dieux sait qu’un homme ayant
fait le serment d’Hippocrate ne peut conseiller une personne ayant fait acte
d’une science flasque. Sûrement un vendu. C’était probablement le serment
d’hypocrite.
Fichtre. Je suis perdu.
Quand ma tondeuse démarra, je sentis une joie
indescriptible, partant de là, allant vers là. Je vis toute ma vie défiler
devant moi. Telle la fois ou je fis ma première chute en escalade. Oh, une
petite, rassurez-vous, mais une chute de
cinq mètres quand même. Si je n’avais pas été assuré par mon fidèle compagnon
de cordée, j’aurais dû finir avec mon dos brisé sur les rochers affleurant de
l’endroit de départ. Comme ma vie n'est pas encore bien longue, et la chute assez courte, elle eût toute l'occasion de défiler devant mes yeux.
C’est drôle. Plus je vieillis, plus je me pose des questions. Quand je ne sais pas dormir, d’habitude, je me retourne de l’autre côté, et pense à ma prochaine ascension, et me réveille le lendemain. Là, non. Je gamberge. Je pense à tout, à rien, et surtout au pire.
C’est drôle. Plus je vieillis, plus je me pose des questions. Quand je ne sais pas dormir, d’habitude, je me retourne de l’autre côté, et pense à ma prochaine ascension, et me réveille le lendemain. Là, non. Je gamberge. Je pense à tout, à rien, et surtout au pire.
Tel
un vieillard ruminant le passé tellement meilleur que ce foutu présent.
En
allumant le téléviseur ce soir, je tombai sur une émission ou de vieux comiques
étaient invités comme faire valoir pour un présentateur connu. Diantre. Même
pas ma jeunesse. Ma jeune vie adulte. Les Nuls
étaient déjà considérés comme faisant partie de l’histoire. Pourtant, Alain
Chabat est un réalisateur contemporain reconnu, Chantal Lauby est une actrice « dans
la place », et Dominique Farrugia produit de jeunes talents. Enfin. Pour
la télévision, c’est le passé. Si les Nuls
sont le passé, je dois être dans l’Holocène !
Mais
bon, c’est un fait indéniable, nous vieillissons tous. Cela me frappa singulièrement lorsqu’un jeune lecteur me fit remarquer qu’il utilisait un
dictionnaire pour lire mes messages. Non pas que les mots étaient trop
compliqués, non, simplement qu’il y en avait pléthore qui étaient peu usités de
nos jours.Il s'était égaré par ici à cause du kikoolol introductif -pensant probablement tomber sur un blog de fans de Lady Gaga-, mais s'était entre-temps perdu dans les méandres de la complexité lexicale qui est visiblement une marque de fabrique en ces lieux, et s'était amouraché de la légèreté du ton générale.
Finalement, c’est un peu rassurant. Si il y a
forcément plus de vieux cons dans la population plus âgée, il semble que la
relève soit assurée par de jeunes cons bien décidés à vieillir de la même
façon. Cela respecte un certain équilibre naturel si bien décrit par Lavoisier :
« rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Je suis heureux d'être lu autant par les vieux cons que les jeunes cons. Étant un con entre deux âges, je me sens moins seul, même si, manifestement, je vieillis aussi.
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