vendredi 20 septembre 2013

Jurassic Disney

kikoolol les zaminches!

Non, je ne vous ai pas oublié, non, je ne me suis pas enfui vers des auspices plus cléments, où l’ensoleillement est inversement proportionnel à la connectivité internet. Mais je suis moult occupations, et, depuis mon retour de vacances, je suis légèrement surchargé.

Il n’y aura donc point de « Dagibbon en vacances, part ii –majuscules- et final » dans l’immédiat. Non pas que cette partie ne mérite pas de figurer au panthéon des messages sur ce présent blog, mais simplement que le temps imparti m’est compté.

Pour faire court : c’était bien, je m’ai amusé furieusement, et tout le monde était content. Je m’ai bien reposé, et j’ai même pu faire une course en montagne. Youpie.

Petite promenade sur glace


C’était court, mais comme je dois éviter les digressions et les mots compliqués pour que certains lecteurs me suivent encore au bout de cette vingtaines de lignes, je suis bien obligé de faire dans l’ellipse, voire même, dans le condensé.

Par contre, j’ai bien une petite tranche de vie à vous mettre sous la dent, qui fera certainement réfléchir les Françoise Dolto en herbe parmi vous.

Mi-septembre, c’est l’occasion de fêter l’anniversaire de mariage de madame Gibbon et de moi-même. Ah, de fait, ça tombe bien, ma femme s’est mariée avec moi, le même jour que moi. Ça évite de faire deux fêtes d’anniversaire de mariage. C’est vachement bien foutu, c’est prévu pour.

Afin de fêter cela dignement, j’optai pour un weekend à Eurodisney, avec le petit. Belle idée me direz-vous !

Effectivement.

Elle n’est pas de moi.

C’est un collègue bien intentionné qui m’en a fait part. Le saint homme, bien que peu aux faits de la culture qu'un homme moderne se doit d'avoir, sait s’amuser et profiter pleinement de la vie avec sa femme et son enfant. Un grand épicurien familial en somme.

Ayant un peu dur, pour l’instant, à trouver des occupations qui amusent un enfant de deux ans et demi, une femme sociopathe et cynique ainsi que moi-même, je me laissai donc guider par les idées saugrenues venues d’un père de famille ayant déjà fait ses preuves.

Je réservai donc un weekend à Eurodisney, la peur au ventre.

En effet, les vagues souvenirs qui me restaient de ce parc d’attraction ne m’étaient pas particulièrement agréables. Entre cette chansonnette douteuse, dont la mélodie a la particularité de rester en tête pendant ouit semaines, et ferait perdre leur calme à des moines contemplatifs des monastères les plus reculés du Tibet, vantant à tue-tête la petitesse de ce monde, et, les files devant des attractions tout aussi douteuses, le prix prohibitif du burger et la vue incessante de nabots déguisés en mickey, princesses et autres pensionnaires de zoo sous acide lysergique, mes souvenirs me laissaient à penser que je n’y remettrai plus jamais les pieds, à moins d’y être péremptoirement obligé.

 
j’aurais au moins pourri vos ouit semaines à venir.

Selon les dires des autres parents modèles, même si la visite d’un tel parc d’aliénés n’est pas de votre goût, il sera peut être de celui de votre rejeton. Bien que cette théorie exotique puisse sembler logique, nous pouvons, nous autres, adultes, légitimement penser que pour le bien du développement intellectuel de notre progéniture, cela ne soit pas d’une grande aide.

Mais bref, passons sur le bien fondé ou non de maintenir l’enfance dans le monde des bisounours plutôt que de les éduquer avec science et logique, et continuons à former des générations de débiles ne faisant pas la différence entre des armes chimique en Syrie et le pot de miel de Winnie l’ourson.

Il est vrai que la première réaction de notre garnement à la vue du parc ne laissait rien présager de bon. Ses yeux grand ouverts, sa nervosité, ses phrases encore incompréhensibles pour un adulte n’ayant pas fait « enfant-deuxième-langue » mais faisant preuve d’une grande emphase, remplie d’accents toniques –faisant au passage, penser à de l’Allemand médiéval-, et son visage réjoui me montrait donc que ces parents modèles étaient dans le bon. Dans la facilité, certes, mais dans le bon.

C’est là que le calvaire commençait. Non seulement le réchauffement climatique avait fait marche arrière pour ce jour maudit, mais en plus le parc était noir de monde. Enfin, je dis noir… Il y avait de tout. Des Portugais, des Espagnols, des Grecs… A se demander ce qu’ils foutaient là. Ce n’est pas la crise chez eux ? Enfin, sous une pluie battante, nous commencions les files.

Ah, oui, petit détail. Les chiffres d’une journée Disney. Vous extrapolerez pour un weekend.

Trois. C’est le nombre d’attraction faisable en un jour, avec un enfant dans les bras. Les fast-pass ne sont pas utilisables vu l’heure pour laquelle ils sont prévus, ou simplement inexistant pour les attractions vraiment moins intéressantes que les autres (si si, il y en a). En général, ces attractions inintéressantes sont celles que votre môme choisira. Ne vous faites pas d’illusions.

Quatre. C’est le nombre d’heures passées dans la file en moyenne, sur la journée.

Cinq. C’est le nombre de bleus pris lors de la cohue, afin de s’approcher de cette saloperie de parade.

Six et demi. C’est la note moyenne sur dix des hôtesses du parc. Au moins un point positif. Ils ne doivent pas trop les maquiller pour en faire des princesses lors de la parade. Embaucher des jolies filles est sûrement une question de coût : on achète moins de maquillage. Puis il faut bien que les papas aient une raison de rester au moins la journée. Maintenant, j’ai tendance à voir Cendrillon d’un autre œil. Déjà que pour Tami Erin j’avais déjà bien changé d’avis.


Douze. C’est le nombre de dépasseurs par file en moyenne. Comme ils sont bâtis comme des brutes, avec des tatouages partout, le quidam moyen ne bronche pas. Pourtant, j’aurais bien expliqué que le training-casquette dans un bateau pour aller voir blanche neige, ca faisait un peu pédé. Mais je ne l’ai pas fait. Pas par peur, mais par respect pour Kevin, Kimberley et Britney, la progéniture loin d’être prodige, qui suivaient du haut de leur enfance déjà gâchée.

Vingt. C’est le prix moyen d’un repas par personne en euros. Entendons nous bien : un hamburger, une frite, un coca, le tout sur un plateau collant.


Priceless : la journée du petit.

Bon, c’est peut être ca qui compte finalement. Puis la magie Disney a opéré pour moi aussi. Nous allons manger des pâtes jusqu’à la prochaine paie, j’ai attrapé un rhume, et je me suis fait mal au dos, à force de porter le petit dans les interminables files d’attente, et j’ai toujours cette saloperie de mélodie en tête.

On ne s’en lasse pas!



Au moins, avec la réserve de caillets que j’ai faite durant l’année, je ne devrais plus commander du mazout avant l’année prochaine.

Enfin, je ne désespère pas de faire de mon fils un adulte, préparé à faire face à cette société débile, à la nature hostile, prenant soin de ses vieux parents.

En revenant du weekend, j’ai décidé de le mettre à Pierre Desproges. Je lui fais voir « La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède ». Bon, ca le fait rire par ce que le monsieur a un gros nez, mais au moins, il ne rigole pas bêtement devant un éléphant qui vole avec ses oreilles, ou la mère d’un daim qui se fait buter par un chasseur.

Par ce que oui, Disney, ce n’est pas vraiment pour les enfants. Entre la fille naïve qui se fait exploiter par sa tante, un éléphant atteint du syndrome d’Escalante, volant grâce à ses oreilles dans un cirque, la stigmatisation éhontée des personnes de petite taille travaillant dans les mines, et, surtout, cette pomme empoisonnée donnée par une vieille personne à Blanche neige.

Nous nous étions fait un défi de bien nourrir notre petit : fruits et légumes tous les jours, plats préparés par nos soins avec des ingrédients dûment sélectionnés pour leur qualité gustative et leur apports vitaminés. Depuis qu’il a vu Blanche neige, il refuse les pommes. Après Bambi, il refuse mon délicieux lapin à la Chimay et boude même un cuisseau de daim. Disney ruine l’éducation que nous nous évertuons de donner à notre petit chérubin. J’ai même vu des enfants cracher sur des vieilles personnes à Eurodisney à cause de leur ressemblance avec la reine-sorcière de blanche neige.

Quand je pense que ma femme adorée me faisait des remarques quand je jouais avec le petit près de la télévision, et que passaient Kill Bill, Top Gear, Sergio Leone ou autres Aliens à l’écran. Trop de violence soit disant.

Au moins, si jamais les aliens débarquaient, il saurait quoi faire, et si, d’aventure, il se retrouve dans un mexican standoff, il aura sûrement la brillante idée de vider le barillet du truand. Non seulement je lui ouvre les portes de la culture avec des films reconnus comme étant des œuvres majeures du XXème siècle, mais en plus, je l’arme dans tous les sens du terme afin de faire face à la mascarade qui l’attendra plus tard. Quand je pense que pas plus tard que la semaine passée, on m’a fait remarquer que Tarantino, c’était de la violence pour de la violence, je me demande si le pélot avait vu Disney ! Disney, ca c’est de la violence pour de la violence !

Disney connection




Enfin, tout fout le camp comme disait l’autre.

Restent les caillets.



En vous remerciant, bonsoir.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire