vendredi 14 février 2014

Tout ca... pour ça...

Kikoolol les zaminches!

 En ces temps de disette littéraire, vous n'avez plus que les nouvelles Ubuesques du portfolio de la bêtise humaine présenté à chaque journal, et vous m'en voyez contrit. Mais, j'use et abuse de ma sempiternelle ritournelle: "le temps me manque, et l'été est encore loin". Certes. C'est l'Hiver, mais il ne fait encore point froid en ce plat pays, même si cela ne saurait attendre.

 Les pistes sont ouvertes, les faces Alpines sont emplâtrées à souhait, que cela soit en ski ou en alpinisme hivernal, tout un chacun y trouvera  son petit plaisir.

 Mais ici, diantre, que le temps manque. Entre la petite et la grande famille, les obligations sociales, et ce foutu boulot, nous nous demandons bien quand nous aurons un peu de temps à nous.

 L'hiver est donc là, à nos portes, avec lui la cohorte de gelées nocturnes, les jours raccourcis et ses vents balayant la morne plaine de notre plat pays. Les vestons se troquent en manteaux, les jupes se fanent, et les rhumes font leur apparitions. Triste saison.

 En d'autres lieux, nous nous serions intéressés à l'enneigement des pistes de ski, à la chasse au crocodile ou à la pêche au requin, mais rien de tout cela chez nous.
 Un collègue -et ami-, me susurrait encore l'autre jour à l'oreille, voyant le soleil se coucher en milieu d'après midi alors que nous venions à peine d'entamer notre Westmalle digestive, "buzz my plug", ce qui dans son langage fort fleuri signifie: "fait moi rêver". Oui. Les temps sont à la mélancolie ce que Speer était à l'architecture pop.

 Mais trêve de bavardages, entrons dans le vif du sujet. Le solstice d'hiver s'éloigne, celui du RV315  s'approchant, en mode presto, nous ne pouvons qu'être joie. Je vous invite par ailleurs à l'écouter, il est le plus sublime des plus beaux presto en sol mineur à trois temps jamais fait par l'homme -et, n'oublie pas que souligné, c'est à cliquer (Oh! Fichtre, un Alexandrin, enfin bref, y a un lien a voir)-. Il est court, et un peu de culture ne peut nuire à notre cortex refroidi par ces assauts hivernaux. Puis il met en jambe, comme me disait pas plus tard que hier, Abdallah, mon porc que j'engraisse afin d'en faire des jambons en fin d'été.

Abdallah et sa maman, qui finit victorieuse lors du fameux concours de jambons de la biennale des consanguins montagnards de par là en 1956


J'entretiens d'affectueuses relations avec lui. Il me comprend. On se parle, parfois. Quand j'ai des questions sur la vie, l'univers, voire même, le reste, il me regarde. Il grouine, paisiblement, en mâchant les restes habituellement réservés aux poules de mes parents.  Il joue avec son piano, sautille dans tous les sens, martelant les murs, insouciant  de l'avenir qui lui est réservé.

 Ah, on me fait signe que je confond un peu Abdallah et Arthur (cf. infra), mais soit. Parfois, je parle à mon cochon. C'est fou comme on s'attache. L'autre jour, par exemple, je me surpris à faire la conversation avec mon voisin écolo-bobo. J'ai un peu de mal à me l'avouer, mais même si j'aime à le voir rougir à la vue des magnifiques couleurs que peut prendre une nappe de pétrole sur la mer au soleil couchant, je commence à m'attacher à lui. Et pourtant, Dieu sait que l'attention que je porte à l'Humain en général n'a d'égal que celle du pécore moyen devant un tableau de Magritte.

 Ah, Abdallah, mon amour.
Pour tout te dire, cher lecteur, afin d'égayer mon réveillon de Nowell, j'avais entrepris de saler moi même des magrets de canard pour embellir la table apéritive. Franche réussite. Évidemment.  Après cette entreprise laborieuse, parsemée d’embûches et de questions quant à la comestibilité du met ainsi confectionné, et au vu de l'assemblée conquise, et au peu de personnes affectées par la dysenterie le jour de la naissance de Jésute -donc le lendemain, le transit du bol alimentaire plus ou moins au complet dans la cuvette- , j'entrepris donc de faire mes propres jambons. D'où un porcelet domestique, entre le chien, le chat et le petit.  Une vraie ménagerie. Et finalement, j'ai l'impression qu'il me donne un peu d'humanité, ce porcelet, car il nous ressemble quand même tellement. Tout comme comme le chien et le chat d'ailleurs.

 Alors qu'il faut avouer qu'a force de voir des enfants en bas âge,  n'importe quel adulte normalement constitué se pose la question: sommes nous de la même race ? Il faut admettre que Abdallah est assez sociable. Bon, le chien et le chat, cela semble faire l’unanimité parmi nos semblables. Mais Abdallah est remarquable.
 Un enfant ne tient pas en place, fait  du bruit, tient des propos aussi incohérents qu'un exilé Mâconnais finissant sa picrate sous le pont Neuf, et, pour couronner le tout, est égoïste, ne pense qu'à manger et à déféquer. Pour ne rien gâcher, c'est bien sûr sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, chose impensable dans un call-center au XXIème siècle.

 Amis adultes, si  progéniture vous planifiez, réfléchissez-y a deux fois avant.

 Ma femme et moi nous sommes donc pris d'affection pour nos deux futurs jambons. Et cela nous sauta à la gueule, tel une mine anti-personnel à celle d'un enfant Cambodgien jouant à la poupée dans les rizières à peine dardées par les rayons de soleil entre les arbres de l'aurore naissante. Oui, Abdallah, a autant d'humanité que notre rejeton.
 Et c'est là que la science, encore une fois, nous vint en aide. Car la question, bien légitime, comme le dirait notre ami Jean-François, est: "Georges Abtibol a t-il aussi été un enfant?".
 Et heureusement, oui.
Même si l'Eugénisme est mieux accepté par nos pairs pour l'élaboration de races canines, la socialisation nous aidera, à défaut de sélection génétique.
 En effet, le rejeton, cherchant à téter la mamelle laiteuse, et ne se préoccupant que de son devenir, n'est que l'homme de base, tel que nous le rappellent tous les jours nos pulsions animales. La socialisation lui permettra de masquer tout cela, et de devenir un homme moderne, comme le disait si bien monsieur M.


 Ce Monsieur, une référence.

 Donc, la socialisation, disais-je, permettra à l'enfant de devenir adulte. Et qui dit socialisation dit également éducation. Bref, l'avorton pourra donner de bon jambons si l'élevage en est à la hauteur.

 Bref. Revenons-en à mes progrès culinaires, qui ont tendance à me donner un peu de baume au cœur, alors je n'hésite pas à les partager avec vous. D'autant plus que lorsque je cuisine, je peux profiter pleinement du calme qui règne dans la pièce, concentré sur une tâche dont la finalité me procure un plaisir gustatif égalant au moins la jouissance que ressent le mélomane averti arrivant à la fin de "Friday" brillamment interprété par Rebecca Black.

 Mes magrets salés sont exquis, et j’entreprends des jambons d'envergure.


 Allez, je vais aller faire un tour dans mon jardin, question de voir si les arbres ont bien résisté à la tempête, et, le cas échéant, affûter ma hache pour les caillets futurs. Puis avec ce ciel dégagé et la nuit déjà bien avancée, les étoiles doivent scintiller de mil feux. Oui, on est bien placés.  Question étoiles, on voit SMSS J0313000.36-670839.3 à l’œil nu dans le jardin. C'est dire.

 Enfin, tout ça pour quoi, finalement?






Sommes nous plus avancés?

Sur ce, j'ai besoin de repos, les microbes en sont à la première sortie annuelle. Je ne dois pas rater ça, surtout que j'aimerais être en forme pour dévaler les pistes de ski lors des mes pérégrinations montagnardes qui ne sauraient tarder.

 Pour paraphraser, en vous remerciant, bonsoir. 

  Et a vos caillets.

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