vendredi 23 mai 2014

Je deviens vieux


Kikoolol les zaminches !

 Dur constat en ce mois devant célébrer le retour d’un temps digne des plus grands barbecues, sonnant le glas des saint de glace, et devant clôturer une morne année académique.

 Cornegidouille.

 Il m’a fallu à trois fois avant de redémarrer ma tondeuse. Attention, ce n’est pas la première fois que je la démarre cette année. Non, y a à peine un mois, ça partait sous seul. Normal, en avril, profitant d’une journée ensoleillée, je fis l’entretien complet la machine à méditation.

 Oui, cher lecteur, je médite quand je tonds. Je médite également lorsque je fais la vaisselle ainsi lors de mes yoggings tri hebdomadaires. Je médite souvent. Pas de mauvais coups, comme pourraient le penser les mauvaises langues, bien que je ne vois pas comment une langue, aussi bonne soit-elle, puisse penser, à l’instar des hominidés de sexe faible. Non. Je médite quand je m’emmerde. Comme à la pêche.
 Enfin soit. Elle ne démarra pas du premier coup. Ni du deuxième d’ailleurs. Après avoir vérifié la bête, et admis que aucunement mon entretien ne fût en cause, je me rendis compte de la mollesse de mon auguste geste afin d’enclencher le démarreur. Vous savez, ce geste large, tel celui du semeur moyenâgeux, pour tirer cette stupide cordelette afin de lancer l’injection du carburant, générer de la fée électricité pour la bougie, tout en entraînant déjà cette foutue lame  coupant le gazon.

 En me redressant, je senti une douleur là. Et aussi là. Pourtant, je ne fais point de folies de mon corps ces derniers temps. J’ai bien eu un week-end festif il y a un mois, mais bon, cela n’explique sûrement pas la chose. 

 Je m’essouffle parfois en montant les marches d’escalier. J’ai même parfois du mal à conduire après la ouitième Westmalle. Je me sens un peu patraque et fais parfois des insomnies.  Il m’arrive même de m’essouffler dans mes maîtresses, à l’instar de notre Pierrot tant regretté. Je pense avoir un bon vieux fibrome métastasé, mais quand je vais voir l’oncologue, il me conseille un psy. Et dieux sait qu’un homme ayant fait le serment d’Hippocrate ne peut conseiller une personne ayant fait acte d’une science flasque. Sûrement un vendu. C’était probablement le serment d’hypocrite.

Fichtre. Je suis perdu. 

 Quand ma tondeuse démarra, je sentis une joie indescriptible, partant de là, allant vers là. Je vis toute ma vie défiler devant moi. Telle la fois ou je fis ma première chute en escalade. Oh, une petite, rassurez-vous,  mais une chute de cinq mètres quand même. Si je n’avais pas été assuré par mon fidèle compagnon de cordée, j’aurais dû finir avec mon dos brisé sur les rochers affleurant de l’endroit de départ. Comme ma vie n'est pas encore bien longue, et la chute assez courte, elle eût toute l'occasion de défiler devant mes yeux.

 C’est drôle. Plus je vieillis, plus je me pose des questions. Quand je ne sais pas dormir, d’habitude, je me retourne de l’autre côté, et pense à ma prochaine ascension, et me réveille le lendemain. Là, non. Je gamberge. Je pense à tout, à rien, et surtout au pire. 

 Tel un vieillard ruminant le passé tellement meilleur que ce foutu présent.

 En allumant le téléviseur ce soir, je tombai sur une émission ou de vieux comiques étaient invités comme faire valoir pour un présentateur connu. Diantre. Même pas ma jeunesse. Ma jeune vie adulte. Les Nuls étaient déjà considérés comme faisant partie de l’histoire. Pourtant, Alain Chabat est un réalisateur contemporain reconnu, Chantal Lauby est une actrice « dans la place », et Dominique Farrugia produit de jeunes talents. Enfin. Pour la télévision, c’est le passé. Si les Nuls sont le passé, je dois être dans l’Holocène ! 

 Mais bon, c’est un fait indéniable, nous vieillissons tous. Cela me frappa singulièrement lorsqu’un jeune lecteur me fit remarquer qu’il utilisait un dictionnaire pour lire mes messages. Non pas que les mots étaient trop compliqués, non, simplement qu’il y en avait pléthore qui étaient peu usités de nos jours.Il s'était égaré par ici à cause du kikoolol introductif -pensant probablement tomber sur un blog de fans de Lady Gaga-, mais s'était entre-temps perdu dans les méandres de la complexité lexicale qui est visiblement une marque de fabrique en ces lieux, et s'était amouraché de la légèreté du ton générale.

 Finalement, c’est un peu rassurant. Si il y a forcément plus de vieux cons dans la population plus âgée, il semble que la relève soit assurée par de jeunes cons bien décidés à vieillir de la même façon. Cela respecte un certain équilibre naturel si bien décrit par Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Je suis heureux d'être lu autant par les vieux cons que les jeunes cons. Étant un con entre deux âges, je me sens moins seul, même si, manifestement, je vieillis aussi.

Allez, je vais couper des caillets pour mes vieux jours.

mercredi 14 mai 2014

Summer is coming



Kikoolol les zaminches!


En ces temps printaniers ou ma disponibilité fond comme neige au soleil, notez que c’est de saison, je me permets une petite bafouille avant de vous laisser avec ce mois de mai, où vous ferez sûrement ce qu’il vous plaît.

J’étais en train de discuter par une douce nuitée finissante, au coin d’un âtre ou crépitait un feu de bois d’essences de conifères délivrant un fumet de barbecue d’été, avec un quidam koppa au sujet, prêtant fortement à polémique certes, des points à attribuer au whist lors d’un piccolissimo, et si oui ou non, nous devions relancer les dés après une quinte flush royale sur trou si la personne à la droite du donneur est une femme blonde de moins de quarante ans ayant ses périodes.
 L’heure avançant, la discussion s’éternisa jusqu’aux aurores, et, a défaut d’avoir refait le monde, nous étions tous deux emplis de joie quant à la qualité du débat. Lors de cette discussion, ou mes arguments finaux firent figure de conclusion, je fus assez étonné du manque de rigueur et de la virulence dont peuvent faire preuve certains lors de joutes oratoires à sens unique. En effet, lorsqu’il remarqua que ma supériorité argumentaire allait clore le débat et sonner l’heure d’un repos bien mérité, il se leva et me lança froidement: « de toute façon, ils meurent tous dans Game of Thrones ».

Refroidi par autant de malveillance, abasourdi par cette mauvaise foi crasse et de manque de franc-jeu, je me mis en quête d’informations sur le sujet. Regardant la série avec dame Ygraine, je lus les résumés et autres livres trouvés sur la toile ou en librairie afin d’être le plus en avance possible sur ladite série.


 Au risque de décevoir certains, je ne spoilerai pas ici, j’ai trop de respect pour les gens qui sont capable de lire un livre sans commencer par les dix dernières pages. Mais cet appel à la terreur, cet argumentum ad metum pour paraphraser Goethe, a l’air de s’être si bien répandu dans notre société déclinante qu’il en devient un effet de mode. Il en devient même un Troll, lorsque vous apprenez que votre interlocuteur regarde également la série, et que vous lui lancez ou visage : « t’en es ou ? Machin est déjà mort ? », Machin étant n’importe quel personnage de la série. Les connaisseurs admettront que l’espérance de vie des protagonistes est tout sauf longue. Nous nous rapprochons de l’argumentum ad metum décrit ci-dessus, mais sans spoiler. Le Troll classe en somme. Car si spoil il y a, il serait totalement fortuit. Il m’arrive même de taquiner ma chère et tendre en lui lançant un Death pool sur l’épisode à venir, et de me retrouver avec un résultat plus qu’honorable. Il faut dire qu'avec les livres, nous sommes largement en avance sur ladite série.

C'est comme ça que ça marche!
C’est fou l’engouement populaire pour cette série. Aussi bonne soit-elle, elle n’est qu’un vague portfolio de la bêtise humaine largement commentée en cet endroit. Entre la guerre des deux Roses, les références au mur d’Hadrien, la guerre des cent ans et j’en passe, l’écrivain à bien puisé dans l’histoire réelle afin de faire de la Fantasy Épique. A raison d’ailleurs. Le lecteur ou spectateur Lambda se doit de se rappeler que cette fiction n’est en fait qu’un aperçu de ce qui s’est déjà réellement passé dans l'histoire de l’Humanité, mais en moins pire et moins glauque (HBO est une chaîne américaine quand même). On dirait que l’être humain aime à regarder ses cotés moins glorieux dans un miroir. Un peu comme les gens qui ralentissent lorsqu’il y a un accident. C’est à se demander ce qui se passe dans la tête des gens.

Je me posais également cette question lorsque notre quidam koppa de départ fit aveu de soumission avec son raisonnement foireux fallacieux afin d’admettre ses torts et, de facto, ma sagesse quant au comptage de points au whist. Bon sang, combien sont-ils dans sa tête ? Parlent-ils ensemble ? Sont-ce des lutins malicieux ou de terribles gobelins qui le dirigent ? Quand je vois nos édiles politiques discourir à la télévision, je me pose également les mêmes questions. Sauf, peut être, que là, je suis assez sûr qu’il s’agisse de terribles Gobelins, et qu’ils ne font que se battre dans la boite crânienne de nos chers représentants, ne cherchant certainement pas à être constructifs ou coordonnés.

La preuve en est : Barack Baratheon pousse José Manuel Stark à protéger les territoires de l’Est contre les assauts du vindicatif Vladimir Lannister. Le tout, sous l’œil incrédule de Xi Targaryen, qui attend son heure pour ramasser les morceaux, tout en chérissant ses petits dragons. Quand nous voyons que Tyron Sarkozy se marre bien en voyant François Frey se planter lamentablement, ne nous plaignons pas avec nos Didier Baelish, Elio Varys ou autres Cersei Milquet… Diantre que cette fiction est horriblement proche, non pas de l’histoire, mais de notre présent. Vivement les élections!

Maintenant, grâce à Game of Thrones, je comprends mieux le gloubi-boulga géopolitique actuel, et prépare
Mais ou va le monde?
de plus en plus activement ma retraite dans les Alpes. Dans ma petite vallée, avec mes chèvres et mes moutons, je devrais avoir assez de recul pour en rire.
 Ah, les Alpes. Bientôt les vacances. Chaque jour qui passe nous rapproche non seulement de notre fin, mais surtout de ces vacances tant méritées. Que j’ai hâte de voir mes Alpes chéries après dix heures de bouchons sous un soleil de plomb, je me vois déjà pester contre la cohorte de gastéropode batave peinant dans les côtes de la route Napoléon et trépignant à l’idée de revoir la Skyline des monts gravis ou à gravir. Afin d’agrémenter cette attente, je pense que je vais faire des barbecues tous les jours. Question entraînement, et surtout de liquider mon stock de caillets qui n’en fini plus de grandir.J'en ai tellement maintenant que je pense que je vais ouvrir une scierie.

 Vous vous demandiez sûrement ce que je devais faire de tous ces caillets, mais depuis que la cheminée est ramonée, j'avoue un certain retard à brûler ma réserve, tel un juge inquisiteur  ayant un stock de  sorcières ou de mécréants sur les bras.

Quand je pense à mon pauvre père, je n'ai pas à me plaindre. Avec les  tempêtes hivernales, le grand marronnier du fond du jardin vînt à choir sur la potale du domaine familial. Un monstre de douze mètres de circonférence, cinquante mètres de haut, des stères de bois incalculables pour un ingénieur volumétrique: des années de chauffage et barbecues en stock!

 Ce marronnier était là depuis des lustres. Des siècles, même, d'après les experts. Il berça l'enfance de générations. Pensez. Avec sa taille, les parties de cache-cache, d'airsoft ou autres un-deux-trois-piano, avaient une certaine dimension. Il marqua l'endroit de son empreinte, telle la patte d'un tyrannausorus rex sur le visage d'un analyste programmeur dans un film que nous allons éviter d'évoquer ici. Un comparse d'une de ces parties d'airsoft se lamenta l'autre jour: "vu mon tour de taille, c'était le seul arbre à me couvrir lorsque j'étais repéré, que vais-je devenir?".
 Il faut avouer que l'animal à la carrure d'une armoire normande, façon Vauban. Nous l'utilisions comme bouclier quand la foule se faisait pressante lors de concerts de métal. Mais il ne faut pas le lui dire, les lignes verticales de ses chemises l'amincissent. Il est tombé dedans quand il était petit, ce n'est pas vraiment de sa faute. Mais la tristesse touche tout ceux qui l'ont connu (l'arbre hein). Nous nous en souviendrons lors des prochaines côtes à l'os. Ou du Rhône, c'est à voir.

 Tout cela pour dire que même les choses immuables ne le sont pas nécessairement. Mais que non seulement elles ne sont pas immuables, mais que en plus, elles peuvent receler de ressources à barbecue inespérées, à l'heure ou l'Humanité se pose des questions quant aux ressources planétaires en hydrocarbures. Je sens que nous allons trop loin. Je vais vous perdre. Abrégeons nos souffrances.



Je vais vous laisser, car, en mai, je fais aussi des caillets. Même si nous avons maintenant une réserve familiale.